Dixième jour de prise d'otages sur les marchés

Chaque jour qui passe nous rappelle que nous sommes en plein crise de l'Euro et que la Grèce est le seul et unique sujet qui décide de la destinée des marchés. Ici en Europe, mais aussi ailleurs dans le reste du monde. Comme depuis plusieurs jours, on ne parle que de deux choses, la Grèce et l'IPO de Facebook. Je vous ai déjà expliqué Ô combien c'est pénible en ce moment, je ne vais donc pas revenir sur le sujet.

Néanmoins, il ne faut pas chercher bien loin pour savoir pourquoi le marché baisse et continue de baisser encore. C'est la Grèce. Il faut tout de même noter que ça fait maintenant près de 10 jours depuis les élections du 6 que le marché s'est trouvé une justification pour baisser tous les jours pour la même et unique raison : l'éventuelle probabilité que cette crise politique nous mène éventuellement peut-être à une sortie de l'Euro et de l'Europe pour la Grèce. Depuis 10 jours les politiciens qui ont été élus par le peuple sont incapables de se mettre d'accord afin de former un Gouvernement et à chaque désillusion, le marché se prend une baffe supplémentaire, mais à la fin, rien n'a changé.

Ceci devrait tout de même nous faire réfléchir à quelques points de détails, mais pour être honnête je n'ai pas l'impression que le marché et les intervenants qui le compose ne prenne la moindre seconde pour réfléchir. Nous sommes à nouveau dans un marché épidermique, comme celui que nous avons vécu en automne. La moindre déclaration du moindre politicien peut pousser le marché à aller plus, la moindre spéculation émise par un type que dont on n'a jamais entendu le nom peut suffire à vous flinguer une journée de bourse. Pour être franc, ces jours on se demande simplement qui sera le « déclencheur ». Chacun dit tout et son contraire, mais à la fin personne n'en sait rien et tout n'est que pure spéculation.

Avant hier Juncker se veut rassurant quand au fait que la Grèce devrait pouvoir rester dans l'Euro et l'Europe, que tout le monde le veut et que la bannière étoilée est derrière la Grèce. Et puis hier il y a Christine Lagarde qui se pointe pour dire qu'elle et son FMI envisage la possibilité que la Grèce puisse sortie de l'Europe de manière « ordonnée ».. Je me marre déjà, la Grèce qui quitte l'Europe de manière calme, tranquille et ordonnée, je demande à voir ça. Il serait bon que Christine Lagarde descende de son nuage et revienne d'Alice au Pays des Merveilles. Imaginer ça, c'est un peu comme quand vous prenez l'avion et que l'on vous demande de rester calme en cas de crash et que dans cette éventualité, il faut suivre calmement les petites lumières au sol et faire la queue pour sortir calmement pendant que l'arrière de l'avion est en feu...

 

On voit donc très bien que plus rien n'est rationnel et que nous sommes EXACTEMENT, MAIS ALORS EXACTEMENT dans la même situation dans laquelle nous étions en automne, on n'a rien appris et nous sommes retombés dans les mêmes vieux travers. La volatilité est en train de monter jour après jour, les fondamentaux micro et macro-économiques n'ont plus AUCUNE valeur, on ne regarde plus qu'une bande de politiciens complètement perdus et dépassés par leurs égos respectifs, qui sont en train de foutre en l'air une élection parce qu'ils sont incapable de se comprendre ou de se mettre d'accord. En même temps quand une partie des gens concernés sont des nazillons qui sont connus pour leur grande diplomatie et leur QI inférieurs à la moyenne, on ne peut pas non plus complètement leur en vouloir.

Toujours est-il que quand les grecs voient les disputes de cours d'école qui ont lieu avec les politiciens qu'ils ont élus, ils sont peut-être soulagé de pouvoir revoter en juin et de changer leurs opinions... Parce qu'au cas où vous auriez un doute, ces élections sont annulées, on fait taboula-rasa et on repart à zéro. Normalement le 17 juin les grecs seront à nouveau appelé aux urnes et on espère que le nouveau « coup de sac » nous amènera une solution, sinon il ne restera plus qu'à mettre l'armée au pouvoir et ça ne semble pas la meilleure solution non plus, sans compter qu'elle risque de plaire moyennement aux joyeux investisseurs que nous sommes.

En tous les cas le marché est politique, toujours et encore. Si demain on nous annonçait une méga-fusion, une société qui découvrait le médicament universel contre le cancer et la connerie en même temps, que toutes les sociétés de l'Eurostoxx 600 ont pulvérisé les attentes à la hausse de plus de 50%, je ne suis même pas sûr que ça suffirait pour satisfaire les intervenants si dans le même temps on nous dit que les grecs hésitent encore sur la date des élections.. En gros la phrase du moment c'est : « les fondamentaux on s'en fout et la politique on n'y comprends rien, mais c'est quand même ça qui dirige ».

A partir de là, tout est dit. Hier la journée avait bien commencé, on pouvait même espérer un semblant de rebond. Mais dès que la Grèce a annoncé qu'ils renonçaient à former un gouvernement et qui qu'ils se refaisaient un tour d'élection en juin, le marché a renoncé une fois de plus à tenter le rebond. Que dire de plus pour l'Europe ? Les taux italiens sont tendus, ceux de l'Espagne aussi, le nouveau Président Français a failli se faire descendre par la foudre, rien de bien original.. La Grèce n'a toujours pas de Gouvernement, l'incertitude est toujours présente et ça, c'est pas bon du tout.

 

Aux USA on a également commencé la journée sur une note positive, pendant quelques instant on a même cru que l'on allait enfin avoir une journée dans le vert, les chiffres économiques qui étaient nombreux étaient tous, soit meilleurs que les attentes, soit en ligne, donc des nouvelles plutôt bonnes. A noter également que les pays d'Europe ont publiés leurs chiffres du GDP qui étaient immondes, sauf l'Allemagne qui, sans surprise semble sauver l'Europe entière encore une fois. En revanche le ZEW Allemand était en baisse par rapport à la dernière fois. C'est la première fois en 5 mois que ce « sentiment économique » recule après 4 hausses successives. Probablement à cause de la Grèce, non ?

Et puis côté « bonnes nouvelles », JP Morgan ne baissait plus. Le titre est remonté d'un peu plus de 1.5% après que le CEO (Jamie Dimon) ait déclaré qu'il « pensait que la perte de 2 milliards n'impacterait pas le dividende de JP Morgan. Pendant ce temps, le FBI a décidé d'ouvrir une enquête, histoire de voir ce qui s'est passé pour JP se prenne une baffe pareille. Si jamais je peux leur faire gagner du temps la réponse tient en trois mots : « GREED IS GOOD »... pas besoin d'avoir fait psychologie pour comprendre ça. N'importe où dans le monde, dans n'importe quelle banque, n'importe quel Hedge Fund, le premier trader venu qui commence à gagner gros systématiquement, on va lui filer plus de risque et comme il gagne encore plus gros, on en rajoute une couche en commençant à croire qu'il a enfin trouvé la formule magique des marché (on passe tous un jour ou l'autre par cette phase là), et puis on commence à faire les malins.. « on est les champions, on est on est on est les champions !!! ».. Et puis en général c'est à ce moment, quand on commence à être sûr que plus rien ne peut nous arriver que PAAAAFFFFFF !!!! l'impondérable arrive.. du style la criser grecque 4.0.

C'est un grand classique des marchés. C'est déjà arrivé et ça arrivera encore...parce que GREED IS GOOD et puis le leasing de la Porsche et les week-ends en jet privé, ça coûte pas rien..

 

Malgré ces quelques nouvelles, para-politiques, le marché a terminé en baisse à cause de la Grèce. Encore. C'est la 9ème séance de baisse sur 10... et encore la séance de hausse elle avait une sacré tronche d'anémique. L'ambiance est donc pourrie. Les intervenants sont déprimés, comme en automne, ils n'y croient plus, comme en automne, ils en ont marre, comme en automne et pensent que tout est foutu, comme en automne. On est à nouveau beaucoup plus réceptifs aux mauvaises nouvelles qu'aux bonnes. Le sentiment est de plus en plus négatif, même carrément historiquement négatif et tout le monde est en train de dire qu'ils savaient que ça allait baisser c'est donc pour ça qu'ils n'avaient pas acheté dans la hausse. Same old story.

En même temps la bonne nouvelle c'est que personne n'est vraiment «long » sur les actions, ça devrait donc limiter la baisse et un jour ou l'autre on va quand même réussir à s'offrir une journée de hausse. Pour la petite histoire, il y avait un support sur le S&P500 à 1355 à la louche.. enfoncé, il y en avait un à 1335, enfoncé. Et puis hier les analystes techniques de Bank of America nous ont annoncé qu'il y avait les « nuages d'Ichimoku » qui annonçaient rien de bon pour l'avenir des marchés boursiers.

 

Pourtant après avoir passé 20 ans dans des salles de trading plus ou moins grandes et plus ou moins sympathiques, je n'avais jamais entendu parler de ces nuages. Ceux qui sont collés au-dessus de Genève entre le 15 septembre et le 15 décembre je connaissais, mais pas ça.. Toujours est-il qu'ils n'ont pas l'air gentils-gentils. Encore une annonce comme quoi ça pue et qu'en ce moment vaut mieux avoir une fourrure et s'appeler Winnie Pooh, plutôt que des cornes et se prendre pour un signe du zodiaque.

Puisque tout va mal en Europe, l'Euro se fait défoncer (à se demander comment la BNS tient le coup) et si l'Euro se fait défoncer, le dollar explose. Si le dollar explose, depuis lundi c'est officiel, c'est mauvais pour les commodities. L'or se fait donc taper sur l'once, ce matin il est à 1534$ et le baril de pétrole n'est pas en meilleur forme puisqu'il est à 92.65$. Là non plus, plus rien de fondamental sur les deux compères. C'est la cata, le dollar monte et il n'y plus que ça. Soudainement tout le monde se fout de la théorie de la raréfaction du pétrole (peak oil) et plus personne n'ose parler de voir l'or à 2'000$ en 2012. Cependant quand on voit la façon dont laquelle les intervenants, investisseurs, analystes, économistes et autres traders voient le marché et le futur de ce dernier, quel est leur horizon temps, on se dit que si ils regardent le bout de leurs pompes, c'est déjà un maximum. Et puis en même temps comme dans ce métier plus personne ne sait si il sera encore là demain, il est difficile d'investir pour la décennie à venir..

Dow 12,632 -63 -0.50%

Nasdaq 2,894 -9 -0.30%

S&P 500 1,331 -8 -0.57%

FTSE 100 5,438 -28 -0.51%

CAC 40 3,039 -19 -0.61%

DAX 6,401 -51 -0.79%

FTSE MIB 13,311 -350 -2.56%

IBEX 35 6,701 -109 -1.60%

SMI 5,865 -10.50 -0.18%

Nikkei 225 8,794 -107 -1.20%

Hang Seng19,353 -542 -2.72%

Shanghai 2,476 -11 -0.45%

S&P ASX 4,225 -91 -2.11%

Ce matin on continue avec le même « motto », ça rigole en Asie tellement c'est facile. Les investisseurs se disent qu'ils ne savent pas ce qui se passe en Grèce, qu'ils n'y comprennent rien d'ailleurs, qu'il n'y a aucune raison de se prendre la tête, donc autant sortir du marché et attendre. En même temps si il faut attendre jusqu'au élections de juin pour revenir, ça va être long. Le défonçage de l'Euro par le dollar est en train de faire des victimes dans le secteur des commodities, c'est une des raisons pour laquelle l'Australie se fait exploser ce matin, dans le sillage de Hong Kong, soudainement jouer la thématique de la raréfaction de la bouffe et de la surpopulation est en train de perdre la partie contre les gens qui en on marre de ce qui se passe, qui sont fatigués de se faire allumer de tous les côtés et la tendance devient « cash is king »... On notera quand même que les chiffres publiés par 3 bancaires japonaises étaient bons ce matin, comme quoi tout ne va pas si mal, même si cette annonce est un peu ternie par le fait que 45% des compagnies chinoises voient un ralentissement dans le business.

J'en arrive au chapitre des nouvelles du jour. Il faut reconnaître qu'il y a bien deux ou trois infos importantes qui ne parlent pas de Grèce à l'intérieur de la dépêche AFP, mais pour être franc, tout le monde s'en tape comme de sa première cravate hermès ou de son premier caleçon Calvin Klein, ou de sa première Panerai à 100'000 Euros. Mais sachez quand même que Warren Buffet a pris des positions dans GM et Viacom, c'est nouveau et c'est une surprise. Dans la foulée il a réduit ses positions en Intel et reste la même chose ou presque sur IBM. JC Penney a annoncé une perte plus importante que prévue pour le trimestre. Le titre perdait 13% after close et annonçait une restructuration massive. Mais là encore, rien à voir avec la Grèce, donc moyennement important.

 

L'autre sujet qui fait toujours vibrer les médias en ce moment, c'est Facebook. Hier la compagnie a annoncé qu'ils augmentaient la taille de leur IPO, on passe de près de 330 millions de titres à la vente à 422 millions. Le prix indicatif ayant été augmenté aussi en tre 34 et 38, le montant total du « powerball » pourrait donc être autour de 15 milliards pour la société. Un peu plus que ce que gagne Apple en 3 mois, en cash. Mais à côté de cette nouvelle, le plus impressionnant c'est la folie médiatique qui tourne autour de cette mise en bourse. Les articles foisonnent et on ne sait plus où donner de la tête, ni quoi penser. Apparemment selon un article de Business Insider qui mentionne une source proche du dossier, l'IPO est la plus sur-sur-souscrite que la source en question n'ait jamais vu, que les clients sont principalement des individuels riches qui veulent participer à la folie Facebook. On entend également des histoires comme quoi une jeune fille aurait parié l'argent de ses études sur l'IPO de Facebook. Et puis, last but not least, hier GM a annoncé qu'il retirait sa campagne de pub sur Facebook « parce qu'ils doutent du fait que cela serve à quelque chose ». 10 millions de recettes publicitaires en moins. Ce qui fait le plus peur c'est que Procter et Gamble pense un peu la même chose, le risque est donc relativement important pour Facebook, sachant que 82% de ses revenus proviennent de la pub. Dans la foulée Ford a déclaré que l'annonce de GM était une « connerie » parce que les produits Ford se vendent très bien via Facebook. On sait maintenant lequel des deux fonds de pension (entre celui de GM et de Ford) sera le mieux servi lors de l'IPO.

Et pour terminer un autre article mentionne les doutes des recettes publicitaires de Facebook. Un sondage a été réalisé et presque personne ne clique sur les pub qui apparaissent à droite de la page. Principalement parce que seulement 15% des utilisateurs font confiance à Zuckerberg pour conserver leurs données personnelles, c'est dire si le site à du boulot à faire de ce côté-là.

Puisque l'on est revenu sur le sujet de la Grèce, on retiendra qu'hier pendant une conférence à Washington, Tim Geithner est revenu sur le sujet du plafond de la dette et estimé que le Congrès devrait manoeuvrer intelligemment sur ce sujet. AHHHH AHHH vous voyez, je suis certain que vous l'aviez oublié ce fameux « plafond ». Ceci dit, espérer que le Congrès agisse intelligemment, c'est comme demander à Vendetta de ne pas dire de conneries.

Voilà, j'aimerais bien vous dire un truc intelligent, ou même vous écrire des nouvelles intéressantes, mais franchement pour l'instant il vaut mieux rester assis sur ses mains et attendre que l'orage passe. Une fois que Zeus aura remis de l'ordre en Grèce et que François Hollande aura nommé Yannick Noah au ministère des finances, tout devrait rentrer dans l'ordre et on pourra reparler « bourses » pour de vrai. Enfin, j'espère parce que moi la politique, mis à part me faire marrer, ça fatigue à la longue...

Aujourd'hui nous aurons les MBA Purchase Applications, Housing Starts, Industrial Production, les chiffres du pétrole et les minutes du FOMC.Mais peu importe la qualité de ces chiffres c'est la Grèce qui aura le dernier mot.

En ce qui concerne les futures, ils sont en baisse de 0.10%, histoire d'éviter la surchauffe que la mise en place d'un rebond pourrait entraîner sur les marchés.

En attendant des semaines plus clémentes et des journées plus sympathique, je vous souhaite une excellente journée, au cas où vous n'avez pas peur de m'entendre parler anglais, vous pouvez aller voir cette vidéo :

http://www.dukascopy.com/tv/#76211

C'est une interview faite hier sur Dukaskopy TV, ça parle de ... la Grèce et de ... Facebook, les deux mamelles du marché en ce moment.

Moi je vous retrouve vendredi parce que demain c'est congé et même si les marchés boursiers sont tous ouverts, je suppose qu'il n'y aura pas grand-monde dans les bureaux et puis en même temps, c'est assez triste d'aller voir les marchés baisser le jour de l'Ascension. Oui, je sais elle était facile.

A vendredi.

Morningbull

"President Obama has come out in support of gay marriage. He said his position has been evolving for years. Miraculously, he saw the light just in time for tonight's big Hollywood fundraiser. What are the odds?" –Jay Leno

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