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Morningbull, Wall Street, les Bulls et les Bears..
30 mai 2012

Il vaut mieux croire que tout va bien plutôt qu'être un réseau social ou une banque espagnole

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Au premier abord, quand on regarde la journée d'hier – après la clôture – on pourrait croire que tout va bien et que nos vieux travers de ces dernières semaines sont derrière nous, la volatilité rebaisse et les marchés semblent retrouver un semblant de calme. Pourtant en creusant un peu plus loin que la surface, on pourrait se rendre compte que tout n'est pas si simple.

 

Comme dans toutes choses, il y a deux points de vue. L'angle positif-je-vais-bien-tout-va-bien et l'angle négatif-on-va-tous-mourir. Si l'on commence pas regarder le marché avec un biais positif, il faudra retenir le fait que les chinois se lance dans un programme de stimulus pour rebooster leur économie, que ce programme, qui a été annoncé il y a moins de 10 jours, serait déjà en train de se mettre en place au vu des aciéries qui s'ouvrent dans la région. D'ailleurs on ne s'y est pas trompé, les traders européens se sont jetés sur des valeurs comme Arcelor-Mittal pour fêter ça. Au USA on s'est rué sur des boîtes comme Caterpillar, parce qu'il ne faut pas se leurrer, si on stimule l'économie chinoise, il va en falloir des gros camions et des pelleteuses tout jaune.

 

Et puis en plus de la Chine, il y avait la Grèce. La Grèce, mère patrie de tous les maux, là où tout a commencé et là où tout finira – enfin, peut-être – soudainement, alors que depuis deux semaines la Grèce est l'argument numéro un pour vendre le marché et que l'on joue à pile-ou-face pour savoir si sortira ou sortira pas, les intervenants sont tombés sur une information bien plus excitante que le certificat de naissance d'Obama, bien plus sexy que la performance des hedges funds de Mitt Romney, un sondage sur les prochaines élections 2.0 de la Grèce.

 

Ce sondage, comme nous en avons déjà parlé hier, donnait des indications précieuses sur la volonté des grecs, celle de rester dans l'Europe et dans l'Euro, malgré l'austérité à venir. En effet, les intentions de vote se dirigent cette fois plus en direction des partis pro-européens et pro-austérité. En même temps, si vous êtes grec et que vous lisez les scénarios de sortie de l'Europe, ça donne effectivement envie d'y rester coute que coute. Bref, toujours est-il que vu de l'extérieur et surtout depuis Wall Street, ces sondages sont interprétés plutôt positivement, bien qu'il faille savoir raison garder quand on connaît la valeur d'un sondage, Lionel Jospin en connait un rayon.

 

Néanmoins, cette nouvelle fût une nouvelle bouffée d'oxygène pour le marché et notre dose de stéroïdes haussier pour ce premier jour de la semaine après le Memorial Day. Mais ça n'était pas tout, il y avait aussi les chiffres de l'immobilier américain qui continuaient sur leur lancée, puisque les données publiées hier étaient au-dessus des attentes. Au-dessus comme dans « légèrement au-dessus que ça se voit seulement au microscope », mais au-dessus quand même. C'est un signal ou une confirmation que tout va mieux et que cette partie de l'économie, même si l'on ne peut pas encore parler du fait qu'elle s'emballe, va mieux et commence à frétiller dans le bon sens, à tel point que l'on ne peut plus l'ignorer.

 

Ça, c'était pour le côté positif. Après il y avait le côté « obscure » du marché. Tout d'abord, à tout seigneur tout honneur, ça fait trop longtemps que l'on nous bassine avec l'IPO du siècle pour que l'on se prive du petit plaisir du matin ; la correction journalière de Facebook. Voici donc un peu plus de dix jours que Facebook est en bourse (et encore heureux qu'il y avait les week-ends et les jours fériés) et le titre a déjà abandonné plus de 24% par rapport à son prix d'émission. Entre scandales acquisitions à venir et téléphone mobile à développer, il n'était pas difficile de trouver les arguments pour vendre le titre. Plus personne ne semble en vouloir et encore moins y croire. Hier pour la première fois depuis la mise en bourse, les options sur Facebook ont commencé à se traiter et il faut croire que l'on s'est plus fait plaisir sur les puts que sur les calls. C'est surtout les rumeurs qui pèsent sur le titre, la peur d'une nouvelle acquisition (Opéra, pour laquelle on parle d'un autre milliard après celui d'Instagram), la peur de l'arrivée d'un téléphone mobile Facebook qui fait hurler de rire les « experts » de la chose et le fait que pendant que sa compagnie se fait défoncer en bourse, le CEO-qui-décide-de-tout est en voyage de noce en Italie et qu'en plus quand il mange dans les restos là-bas, il ne laisse même pas de pourboire.

 

Inutile de dire que dans cette ambiance, il est difficile de trouver des points positifs à Facebook, sans compter qu'il ne se passe pas un jour sans qu'un chroniqueur estime que «même à 28$, Facebook est encore trop cher » - tout en gardant à l'esprit que ce même chroniqueur s'est bien gardé de nous le dire la veille de l'émission en bourse. En gros la facture d'hier est de près de 10% de baisse et FB vaut moins de 29$.

 

Autre point négatif, la Grèce bis, j'ai nommé : l'Espagne. L'un est bleu et blanc, l'autre est jaune et rouge, mais à la fin on a les mêmes problèmes qu'à Athènes, sauf que le potentiel de problème est beaucoup, beaucoup plus élevé. Hier matin nous abordions la thématique du sauvetage de Bankia. Le Gouvernement Espagnol devait injecter 19 milliards d'Euros dans le bilan de la banque pour lui éviter de couler tel le Titanic, tout était en ordre, même que le Premier Ministre avait déclaré n'avoir besoin de personne pour sortir 19 milliards. Oui, il avait juste besoin de l'autorisation de la BCE pour faire un échange d'obligations espagnoles contre du cash pour sauver Bankia et cette autorisation n'est de loin pas dans la poche... Ce qui remet tout en question. Bankia n'est pas encore sauvé et il faudra peut-être attendre le prochain sommet européen pour trouver une solution hybride pour régler ce problème. Problème qui n'est du reste que la partie visible de l'iceberg.

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Dans la foulée tous les brokers ou presque ont downgradé Bankia, ce qui est d'une aide précieuse pour l'investisseur qui avait encore le moindre doute sur le fait que Bankia puisse ne pas être une grosse daube. Le titre s'est effondré de 16% de plus, l'indice espagnol a plongé de 2.34%, surtout après que les ventes de détail soient sorties en baisse de 10% pour le mois d'avril. L'ambiance est au beau fixe en Espagne. A noter également qu'une banque liée à Bankia est également dans la tourmente pour avoir payé une pension de 14 millions d'euros à son ex-patron. Il y a un truc formidable dans le métier de « patron de banque », peu importe ce que tu fais, ce que ça coûte ou ce que fait l'économie, tu encaisses TOUJOURS un maximum de pognon, c'est un jeu qui s'appelle « qui gagne, gagne et qui perd gagne ». Etre patron de banque, c'est être Starsky et Hutc ; tu gagnes toujours à la fin.

 

Et puis last but not least, il faut aussi noter le fait que la, je cite, « petite agence de rating indépendante Egan-Jones » (oui, moi non plus je ne connaissais pas) a également réduit le rating de l'Espagne de B à BB-, ce qui aurait eu pour résultante de faire chuter l'Euro/$ sous les 1.25. C'est formidable. Maintenant la moindre agence de rating indépendante peut faire chuter tout ce qu'elle veut. Dès demain je me met à envisager la création de « Morningbull Rating & Co ». On va voir ce qu'on va voir.

 

Au bilan final les marchés auront vécu une belle journée, le S&P500 termine à 1332, en hausse de plus de 1%, le CAC de plus de 1.3% et le DAX frise les 6400 points. Mais en fait tout n'est pas si rose si l'on regarde entre les lignes. On peut encore avoir peur et les soucis ne sont pas encore rangés dans la boîte de pandore.

 

Et puis côté commodities, ce n'est pas gagné non plus. Le fait que le dollar soit en train de redevenir une monnaie forte (enfin, plus recherchée que l'Euro en ce moment), ne donne rien de bon du côté de l'or et du pétrole, ni du reste non plus. Comme on est un peu perdu, nous sommes revenus sur les bases ; dollar fort = mauvaise nouvelle pour le commodities, un point c'est tout. Dès lors l'or est à 1550$ et le baril est à 90.38$. Je vous le confirme, ça ne se ressent pas à la pompe, mais ça va venir un jour, c'est sûr. Je ne sais pas encore quand, mais un jour, on pourra certainement acheter à nouveau des V8 sans arrière pensée. Il faut encore noter que l'or est en pleine crise identitaire. En effet, si l'Espagne part en vrille, c'est bon pour l'or qui fera office de valeur refuge. Mais en même temps, si l'Espagne part en vrille l'Euro/$ va se faire démonter propre en ordre, donc la force relative du billet vert ne va pas favoriser l'or. Du coup, valeur refuge ou pas ? Parce que si la valeur refuge baisse alors qu'elle devrait nous sauver la vie, on va pas s'en sortir.

 

Dow 12,581 +126 +1.01%

Nasdaq 2,871 +33 +1.18%

S&P 500 1,332 +15 +1.11%

 

FTSE 100 5,391 +35 +0.65%

CAC 40 3,085 +42 +1.37%

DAX 6,397 +74 +1.16%

FTSE MIB 13,107 +50 +0.38%

IBEX 35 IDX 6,252 -150 -2.34%

SMI 5914 +49 +0.84%

 

Nikkei 225 8,572 -85 -0.98%

Hang Seng 18,655 -400 -2.10%

Shanghai 2,498 -5 -0.22%

S&P ASX 4,133 -36 -0.86%

 

Ce matin l'Asie a décidé de se ranger sous l'égide de l'Espagne et tous les marchés sont dans le rouge. Les peurs sont à nouveau présentes, l'Espagne remplace la Grèce dans le coeur des investisseurs et vu sous cet angle, ce n'est pas gagné. De plus ce matin un journal chinois a estimé que les mesures de « stimulus » de la Chine seraient relativement légères en comparaison avec ce qui avait été mis en place au paroxysme de la crise économique (à supposer que nous en sommes sortis, mais il n'y a rien de moins sûr). Du coup les bancaires étaient sous pression tôt ce matin à Hong Kong. A noter également les rapports qui circulent et qui mentionnent le fait que les banques chinoises réduisent leurs investissements dans leurs concurrents européens. La trouille, ça ne se commande pas.

 

Dans les nouvelles du jour et dans la série « quand y en a plus, y en a encore », hier soir Research In Motion a donné une conférence de presse pour prévenir leurs investisseurs que les trimestres à venir seraient compliqués et « challenging ». Ben nous qui nous attendions à que ça rigole, un peu à l'image de ces douze derniers mois, on est sacrément déçus. En gros le BlackBerry ne se vent pas comme on aimerait qu'il se vende et ce n'est pas nos nouveaux produits qui vont y changer quelque chose. L'ambiance semblait pesante hier soir après la clôture. Pour faire bon poids, bonne mesure, le titre a reculé de 7% et est même passé brièvement sous les 10$. On retiendra que Facebook était légèrement encore plus bas après la clôture...

 

Du côté de chez Apple, on ne cesse d'entendre parler du nouvel iPhone 5 et de la nouvelle Apple-TV, Tim Cook donne des conférences pour dire qu'il ne peut rien pour l'instant mais que dans quelques semaines il va tout faire péter avec ses annonces. Le titre semble dans les startings blocks, mais il a besoin de « grandes nouvelles ». Reste à savoir si iPhone plus grand et bicolore suffira à son bonheur.

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Chez JP Morgan, selon la presse autorisée à penser, il se pourrait que l'on ait commencé à réduire la voilure de la baleine pour essayer de limiter la casse. Selon certains articles, ils auraient déjà liquidé pour 25 milliards d'assets. Les autorités demandent toujours des explications sur le pourquoi du comment et au vu de l'opacité de l'affaire on en est à se demander si ils savaient vraiment ce qu'ils faisaient...

 

Deux choses qu'ils faut garder en tête pour l'avenir. Tout d'abord le fait que dans les couloirs de Wall Street on reparle de plus en plus du plafond de la dette américaine. Vous savez ce truc que l'on n'a jamais réglé et qui court toujours. A l'approche des Présidentielles US, on va revenir sur le sujet et comme il n'y a pas de réelle solution et que l'on imagine mal les USA passer un plan d'austérité, il se pourrait que la prochaine crise du plafond de la dette soit bien moins fun que la première. Surtout que tout le monde en parle, mais le marché semble faire la sourde oreille.

 

Ça c'était le scénario noir, l'autre scénario possible, c'est une autre rumeur qui plane dans les salles de trading et qui ferait état de l'arrivée imminente d'un Quantitative Easing numéro 3, mais pas n'importe lequel, cette fois on fait d'une conspiration mondiale qui inclurait la Chine, l'Europe et les USA, afin de lancer de façon conjointe et synchronisée, un plan de soutien à la croissance dans le monde entier. Ou presque. Deux scénarios à retenir pour le mois de juin, une fois que le cas de l'Espagne aura été réglé. Ou pas.

 

A retenir en vrac : la banque du Portugal craint l'effet domino de la crise Espagnole et Grecque (sans blague, ils n'ont pas encore compris que la crise est globale et pas locale?). Air France cherche une solution pour en plus acheter Alitalia, enfin pas tout de suite, parce que ça va être compliqué à cause de l'argent.. (te casses pas, on a compris). Les politiciens suisses n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le choix du Gripen, le président du parti Libéral-Radical, Philipp Müller estime qu'il faudrait y réfléchir encore et revenir sur le choix du Rafale et de l'Eurofighter (franchement ? Ils ont qu'à acheter des vélos, ah non, ça ça fait aussi polémique, si on supprimait les militaires alors???). Le patron de Total estime que son entreprise est « surtaxée », elle paie 300 millions d'euros d'impôts en France pour 12 milliards de profits (moi aussi je veux le même taux d'imposition). Mark Zuckerberg ne pèse « plus que » 14.7 milliards après hier soir et il n'est plus dans la liste des 40 plus riches (ouch, on fait une collecte ? Moi ça me met les larmes aux yeux).

 

Pour ce qui est des chiffres économiques, nous aurons les MBA Purchase Applications, le Challenger Job Cut, les ventes des grands-magasins, le Redbook et les Pending Home Sales, mais pour être franc, tout le monde attend encore une fois impatiemment les chiffres de l'emploi à la fin de la semaine. Demain nous aurons aussi le GDP et le Chicago PMI, puis les chiffres ADP qui seront une bonne indication pour les données de vendredi après-midi. Pour le moment les futures américains sont en berne, en baisse de 0.2% dans le sillage de l'Asie et avec la peur que l'Espagne revienne en pole-position ce matin.

 

En conclusion, l'incertitude est toujours de mise et rien, mais alors rien n'est gagné, l'avenir des marchés financiers sont réduit à voir les choses jour après jour, ne sachant jamais ce qui va nous tomber sur la figure entre-deux.

 

Voilà, c'est donc tout pour ce matin, mais c'est aussi tout pour cette semaine. En ce qui me concerne je serais à Paris pendant deux jours et je reprendrais la plume, enfin le clavier dès lundi prochain, mais entre-deux, je fais la pause..

 

Si jamais, pour ce week-end, je vous rappelle la finale de la coupe de Suisse de rugby, Samedi 2 juin 2012, Stade de Colovray-Nyon à 15h00. Viendez comme disait l'autre..

 

Allez, bonne fin de semaine à tous et à lundi !!

 

Morningbull

 

"Facebook has lost so much money that founder Mark Zuckerberg has been named an honorary board member of JPMorgan." –Jay Leno

 

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